Écosystèmes et société

 

Remarques préliminaires

Les questions liées à l’environnement prennent de plus en plus d’importance au niveau mondial. Un mémoire en écosystèmes et sociétés donne aux élèves l’occasion d’explorer un sujet ou un thème environnemental présentant pour eux ou pour leur communauté un intérêt ou une pertinence particuliers. Compte tenu du caractère pluridisciplinaire de cette matière, l’élève devra choisir et intégrer au mémoire les contextes théoriques et les méthodologies des disciplines se rapportant au sujet choisi. À cet égard, une approche systémique est considérée comme particulièrement efficace, et il est attendu de l’élève qu’il utilise cette approche dans son analyse et son interprétation des données qu’il aura recueillies.

Choix du sujet

La matière écosystèmes et sociétés est axée sur l’interaction et l’intégration des écosystèmes « naturels » et des sociétés humaines. Un mémoire dans cette matière doit également aborder cette relation. Il ne doit pas traiter exclusivement de processus écologiques ou des activités d’une société, mais doit au contraire prendre en compte ces deux dimensions, sans forcément les mettre sur un pied d’égalité. L’élève doit choisir un sujet lui permettant de démontrer le fonctionnement des écosystèmes et des sociétés dans la relation étudiée. Par exemple, tandis que le programme de la matière écosystèmes et sociétés comporte une étude des principes écologiques, cet élément devra, dans le cadre du mémoire, être exploré dans le contexte d’une interaction humaine avec l’écosystème. De même, tandis que le programme comporte une palette d’approches philosophiques de l’environnement, celles-ci devront, dans le mémoire, être traitées par rapport à des systèmes naturels spécifiques. L’élève devra donc s’assurer que le sujet choisi n’aurait pas été mieux traité dans l’une des autres disciplines des sciences expérimentales ou des sciences humaines. Ceci serait invariablement le cas des sujets portant exclusivement sur la santé humaine, les maladies ou la politique.

L’une des caractéristiques cruciales de tout sujet adéquat est d’être ouverte à une argumentation analytique. Si le sujet choisi ne remplit pas cette condition, et ne peut être traité que de manière descriptive ou narrative, l’élève se verra alors refuser une grande partie des points selon les critères d’évaluation. Par exemple, on attendrait au minimum qu’une réserve naturelle soit décrite ; il serait nécessaire d’évaluer sa relation potentielle avec une communauté locale, ou de comparer ses résultats par rapport aux objectifs d’origine ou à une initiative similaire menée ailleurs. Le sujet doit, d’une certaine façon, permettre une argumentation bâtie par l’élève et étayée de sa propre analyse d’informations, plutôt que consister en un simple énoncé des données analysées et obtenues à partir d’autres sources.

Certains sujets sont également considérés comme inappropriés pour des raisons éthiques ou de sécurité. Par exemple, les expériences dont il est probable qu’elles feront souffrir des organismes vivants, causeront des dégâts injustifiés à l’environnement, ou exerceront une pression sur autrui pour obtenir un comportement contraire à l’éthique, sont à proscrire. De même, les expériences qui constituent une menace pour la santé, qui demandent d’utiliser des produits toxiques ou dangereux, ou qui mettent une personne en danger, doivent être évitées à moins qu’un dispositif de sécurité approprié n’ait été mis en place et que des superviseurs qualifiés soient présents.

La précision de l’angle de travail constitue une autre caractéristique essentielle d’un sujet bien choisi. Si le sujet est trop vague, il sera inévitablement traité de manière relativement superficielle ce qui, une fois de plus, risque de pénaliser l’élève dès la phase initiale du travail. Dans ce cas, il est peu probable que les élèves parviennent à produire une analyse ou une argumentation innovantes, ou des conclusions pertinentes. Afin de clarifier la différence entre un sujet vague et un sujet ciblé, les exemples suivants de titres de mémoires en écosystèmes et sociétés sont donnés à titre indicatif. Ils sont présentés par paires afin d’illustrer le fait que des sujets bien définis (premier titre) sont préférables à des sujets généraux (deuxième titre).

·         « Restauration écologique des carrières épuisées de bauxite à Jarrahdale, en Australie occidentale » est préférable à « Les effets de l’industrie minière sur l’environnement ».

·         « Comparaison de la production céréalière aux Pays-Bas et au Swaziland en matière d’efficacité énergétique » est préférable à « L’efficacité de la production alimentaire dans le monde ».

·         « Importance comparée des différentes sources de pollution au dioxyde de carbone à New York et à Sacramento » est préférable à « Les effets du réchauffement de la planète ».

·         « Gestion de l’impact sur l’environnement du papier usagé dans une université du Pays de Galles » est préférable à « Le recyclage du papier ».

Il peut s’avérer utile que l’élève définisse plus précisément l’angle de sa recherche en présentant, en plus du sujet et de la question de recherche, un condensé de l’approche générale adoptée pour son étude. Voici quelques exemples.

Sujet

Impact des plantes exotiques sur la diversité herbivore en Tanzanie

Question de recherche

Dans quelle mesure la date d’introduction d’une plante exotique dans une région, et la latitude dont elle est originaire, affectent-elles la diversité des herbivores vivant et se nourrissant de cette plante ?

Approche

Recherche sur le terrain du lien entre la diversité des herbivores épiphytes et celle des plantes exotiques de la région du Kilimandjaro ; lien avec une brève étude historique sur l’introduction de chaque plante.

Sujet

Évaluation des principes philosophiques et des réalisations en matière de conservation

Question de recherche

Dans quelle mesure les principes philosophiques et les objectifs d’un groupe local de conservation ont-ils été atteints en matière de protection de l’environnement local ?

Approche

Analyse de la documentation et des attitudes d’un groupe de conservation, avec analyse quantitative de données existantes sur la qualité de l’environnement.

Sujet

Empreinte écologique de la cantine scolaire

Question de recherche

À partir des consommations et rejets majeurs de la cantine scolaire, quelle estimation globale de son impact sur l’environnement peut-on faire en matière d’empreinte écologique ?

Approche

Analyse des données existantes et des mesures concrètes évaluant les consommations et les rejets de la cantine. Synthèse des données sous forme d’un modèle global indiquant son impact sur l’environnement.

Dans le cas de certaines recherches, et plus particulièrement de recherches expérimentales, une hypothèse clairement énoncée sera une formulation tout aussi acceptable, voire plus appropriée, qu’une question de recherche.

Traitement du sujet

Une recherche pour un mémoire en écosystèmes et sociétés peut porter sur un recueil soit de données brutes (travail sur le terrain, expérimentation en laboratoire, enquêtes ou entretiens), soit de données préexistantes (documentation ou autres supports). Ces deux types de données peuvent même être combinés, bien que, étant donné les limites de temps et de nombre de mots imposées pour le mémoire, l’un ou l’autre type devra être privilégié afin d’éviter que les deux soient traités de manière superficielle.

Si le mémoire est essentiellement basé sur des données brutes, l’élève doit apporter le plus grand soin au choix des méthodes de recueil de données et les appliquer avec efficacité. Avant de commencer sa recherche, il doit explorer la documentation se rapportant aux méthodologies de recherche, et n’importe quelle recherche pertinente pouvant lui offrir des indications et des points de comparaison théorique utiles. Par conséquent, même si une recherche est exclusivement basée sur des données brutes, la bibliographie doit faire au moins mention des sources secondaires, en s’appuyant éventuellement sur le choix et la mise en place des méthodes suivies ou en indiquant le contexte savant dans lequel s’inscrivent les conclusions.

Si le mémoire est basé sur des données préexistantes, l’élève doit apporter le plus grand soin au choix des sources : elles doivent être suffisamment nombreuses et variées, et toutes fiables. On trouve sur Internet et dans d’autres supports un très grand nombre d’affirmations populistes, journalistiques, partisanes et sans fondement. L’élève doit prendre le temps de trier ces sources afin de ne conserver que celles ayant une crédibilité reconnue. Il est généralement attendu pour ce type de mémoire une bibliographie plutôt volumineuse ne se limitant pas à quelques sources.

Quelles que soient les sources utilisées pour le recueil de données, il est vital que l’élève produise sa propre analyse des données et argumente ses propres conclusions. Ceci se fera plus naturellement si le mémoire est basé sur des données brutes, puisqu’elles n’auront pas déjà été analysées. En revanche, il est possible que les données préexistantes soient déjà accompagnées d’analyse et de conclusions. Dans ce cas, il est essentiel que l’élève utilise ces données ou en fasse la synthèse avec d’autres sources, de sorte que son implication personnelle dans l’analyse et la rédaction des conclusions soit clairement prouvée. Qu’il utilise des données brutes ou préexistantes, l’élève doit construire sa propre argumentation critique en utilisant et en évaluant les sources à sa disposition.

Enfin, l’approche systémique constitue un thème central du programme de la discipline écosystèmes et sociétés, et devra se retrouver jusqu’à un certain point dans le mémoire. Ce dernier devra démontrer une tentative de modélisation, au moins partielle, du ou des systèmes en question. Le terme « modélisation » est employé ici dans son sens le plus large pour inclure, par exemple, des formules mathématiques, des cartes, des représentations graphiques et des organigrammes. La terminologie propre aux systèmes devra également être employée le cas échéant.

Interprétation des critères d’évaluation

Critère A : question de recherche

Pour répondre à ce critère, une question de recherche ciblée qui définisse l’objectif du mémoire doit être énoncée clairement dans l’introduction. Il ne suffit pas de l’indiquer sur la page de titre ou dans le résumé. Pour « traiter le sujet avec efficacité », elle ne doit pas être trop vague, ce qui conduirait à un traitement superficiel. De plus, elle doit permettre de réaliser une argumentation critique, et non pas simplement d’énoncer un traitement descriptif ou narratif. Par exemple, « Dans quelle mesure X ressemble-t-il à Y ? » permet de mettre en place une argumentation, tandis que « À quoi ressemble X ? » n’appelle qu’une simple description.

Dans cette matière, il est acceptable de formuler la question de recherche au moyen d’une hypothèse clairement énoncée. Ce qui peut s’avérer particulièrement approprié, par exemple dans le cas de recherches expérimentales. Une hypothèse comme point de départ d’une recherche expérimentale débouchera toujours sur une argumentation critique implicite des résultats la confirmant ou la réfutant.

Critère B : introduction

L’introduction doit définir la question de recherche ou l’hypothèse en contexte. Par exemple, elle peut énoncer les grandes lignes des principes théoriques dont dépend le sujet, résumer les conclusions d’autres recherches associées, ou proposer un rapport historique ou géographique du thème de la discussion. L’introduction doit également indiquer l’importance de la question faisant l’objet de la recherche. Pourquoi est-ce important d’y répondre ? Que vaut-elle pour les autres ? Quelles implications les résultats pourraient-ils avoir ?

Il est également important que l’introduction ne soit pas trop longue. Certains éléments ne doivent être inclus que lorsqu’ils sont directement nécessaires pour suivre l’argumentation du mémoire.

Critère C : recherche

Lorsque l’étude implique une expérimentation ou un travail sur le terrain, une description détaillée des procédures suivies, si possible avec des diagrammes et des photographies, doit être fournie de manière à permettre à une autre personne de reproduire l’étude. L’élève doit apporter le plus grand soin à la conception des expériences afin d’inclure, par exemple, des quantifications, des contrôles, des réplications et des échantillons aléatoires, lorsqu’ils s’avèrent nécessaires. Le choix des techniques utilisées doit être expliqué et justifié et les suppositions qui les sous-tendent doivent être clairement énoncées.

Si l’étude se base sur une recherche de données préexistantes, les élèves doivent s’assurer que le choix des sources est suffisamment large et fiable. Lorsque les élèves utilisent des ressources disponibles sur Internet, ils doivent particulièrement garder à l’esprit leur éventuel manque de fiabilité. Le processus de sélection des sources et des données devra être décrit et justifié, et devra refléter, le cas échéant, la diversité des points de vue pertinents retenus. Dans certains cas, les méthodes utilisées pour générer les données préexistantes, ou les preuves sur lesquelles elles reposent, devront être indiquées.

Critère D : connaissance et compréhension du sujet étudié

Il est attendu des élèves qu’ils possèdent un niveau suffisant de connaissance et de compréhension de la matière écosystèmes et sociétés telle qu’elle est détaillée dans le guide pédagogique en vigueur. Pour de nombreux sujets, cette connaissance devra être complétée par une étude indépendante. Enfin, l’élève doit posséder des connaissances suffisantes sur le sujet afin de traiter efficacement les thèmes et les argumentations. Pour obtenir des points dans ce critère, l’élève doit également montrer des liens clairs et perspicaces entre sa propre étude et le tronc de connaissance théorique associé à cette matière.

Critère E : raisonnement

Une argumentation claire et logique, étape par étape, doit visiblement relier les données brutes aux conclusions finales. Chaque étape ou proposition intermédiaire doit être argumentée et défendue par rapport à d’autres alternatives plausibles ou critiques potentielles, preuves à l’appui. Les opinions personnelles sont acceptables, mais elles doivent, là encore, s’appuyer avec conviction sur les preuves disponibles. L’argumentation doit répondre directement à la question de recherche conformément à sa formulation précise.

Critère F : utilisation de compétences d’analyse et d’évaluation adaptées à la matière

Le choix, l’utilisation et la présentation des données quantitatives et qualitatives rassemblées à partir de sources primaires ou secondaires peuvent démontrer des compétences analytiques. Ces dernières seront les plus manifestes dans l’utilisation de représentations graphiques, de manipulations mathématiques ou d’organigrammes. Elles seront également démontrées par la capacité dont fera preuve l’élève à choisir des données spécifiques à partir de sources, à identifier leur pertinence et leurs relations, et à les réorganiser en une argumentation efficace.

Les compétences d’évaluation apparaîtront dans les réflexions de l’élève en ce qui concerne la fiabilité et la validité des données rassemblées, et dans les interprétations qu’il en fera ensuite. Dans le cas de mémoires basés essentiellement sur des données brutes, ces compétences d’évaluation supposent de débattre des insuffisances de la conception expérimentale, de la validité des suppositions, des limites de la recherche ainsi que des erreurs méthodiques éventuelles et de la façon de les éviter. Dans le cas de mémoires basés essentiellement sur des données préexistantes, des considérations identiques doivent être appliquées aux sources consultées.

Critère G : utilisation d’un langage adapté à la matière

Il est attendu des élèves qu’ils utilisent une terminologie appropriée, scientifique et propre aux systèmes, comme celle utilisée dans le guide pédagogique.

Critère H : conclusion

Il est fortement recommandé que cet aspect du mémoire soit traité dans une section à part, dotée d’un titre qui lui sera propre. Elle doit comporter un énoncé bref et concis des conclusions tirées en réponse directe à la question de recherche ou à l’hypothèse. Elle ne doit pas impliquer de nouvelles informations ni d’argumentations ; elle doit au contraire constituer un récapitulatif des conclusions découlant des preuves et raisonnements déjà présentés et s’appuyant sur ces derniers.

En plus de ce récapitulatif, les élèves doivent identifier les failles décelées au cours de la recherche ou les nouvelles questions soulevées qui sont dignes d’intérêt.

Critère I : présentation formelle

Ce critère sert à évaluer la conformité des mémoires par rapport aux conventions établies en matière de présentation des travaux de recherche. La présentation des mémoires qui ne comportent pas de bibliographie ou qui ne donnent pas les références des citations est jugée inacceptable (niveau 0). Les mémoires auxquels il manque un des éléments demandés (page de titre, table des matières, pagination) sont considérés au mieux comme satisfaisants (le niveau 2 est le niveau maximum pouvant être octroyé) alors que les mémoires auxquels il manque deux des éléments demandés sont considérés au mieux comme faibles (le niveau 1 est le niveau maximum pouvant être octroyé).

Une attention particulière doit être apportée à l’utilisation de graphiques, diagrammes, illustrations et tableaux de données. Ces éléments devront être légendés de façon adéquate avec les numéros de figures et de tableaux, un titre, une citation le cas échéant, et devront figurer dans le corps du mémoire aussi près que possible de leur première référence. Les documents téléchargés sur Internet ou photocopiés doivent être clairement lisibles.

Critère J : résumé

Le résumé est jugé sur la clarté avec laquelle il présente une vue d’ensemble de la recherche et du mémoire, et non sur la qualité de la question de recherche ni sur la qualité de l’argumentation ou des conclusions.

Critère K : évaluation globale

Ce critère récompense invariablement les élèves qui s’impliquent directement ou ont un contact personnel avec le thème environnemental étudié ; ceci doit être encouragé autant que possible. Il est plus difficile pour un élève dont le seul contact avec le sujet s’est fait via Internet ou la bibliothèque de l’école, de démontrer clairement son engagement personnel, son initiative et sa perspicacité par rapport au sujet.

« L’initiative intellectuelle » peut être manifeste dans la formulation d’une question de recherche inédite ou inquisitrice, ou dans la conception ou la modification d’une procédure expérimentale, ou encore dans l’identification créative et le choix de sources secondaires, par exemple. L’interrelation des systèmes et de leurs composantes constitue l’un des thèmes majeurs de cette matière ; de nombreux principes communs peuvent s’appliquer à divers systèmes. Un mémoire qui reconnaît ouvertement ces principes sous-jacents et l’interrelation des composantes démontrera clairement la « perspicacité et la compréhension approfondie » auquel ce critère fait référence.